dimanche 23 janvier 2011

LES MUTANTS : une compagnie qui grandit au rythme du Québec qu’elle chérit


Deuxième présence en moins de 24 heures à l’Espace GO afin d’assister à la pièce Les Mutants, création du Théâtre de la Banquette arrière, formé par un collectif d’acteurs qui ne cesse d’évoluer, mais qui n’est pourtant pas encore arrivé à maturité.

Les Mutants, c’est une incursion dans les souvenirs de huit trentenaires qu’on a replongés à la petite école afin de les confronter à l’évolution du Québec et de leurs propres changements. Ici, l’énumération est reine : celle des noms, des dates, des événements, des lieux et des citations qui ont marqué ces vieux-jeunes personnages et leur province. Malheureusement, à force de citer et de nommer, on en vient à ne pas installer l’histoire des Mutants ailleurs qu’en surface. Un peu comme si cette opposition entre la candeur des élèves et le propos social fort pertinent des créateurs avait fini par diluer leur discours, à défaut de le rendre plus clair et plus vrai.

N’empêche, la complicité qui unit les huit acteurs depuis leurs débuts en 2001 est particulièrement belle à voir. La distribution des rôles est faite avec une parfaite justesse. La projection de films d’archives et de citations sur les murs est toujours bien utilisée, sans jamais tomber dans la surenchère. Les temps morts sont absents. Quelques moments chansonniers ou chorégraphiés sont même particulièrement réjouissants. On rit, on se rappelle, on réfléchit. Leurs questionnements méritent d’être faits, et la prise de conscience à laquelle ils nous invitent a toute sa raison d’être.

Pourtant, il manque un petit quelque chose d’essentiel à leur création : l’impression d’avoir été convaincus ou de les avoir réellement entendus. Le Québec que les Mutants nous présentent comme inachevé, parce qu’incapable d’aller au bout de sa destinée, est à l’image de leurs mots et de leur présentation : beau, charmant, unique, rafraîchissant, mais pas encore tout à fait conscient de la splendeur qu’il pourrait devenir s’il se donnait un peu plus de temps.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire