mardi 6 septembre 2011

« Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps » de Claudia Larochelle : la fragilité de l’abandon en écriture

Tout ce que j’ai en commun avec l’auteur et journaliste culturelle Claudia Larochelle, c’est un métier et un nom de famille. Mais un jour, quand je serai grand, je me jure de maîtriser comme elle la fragilité de l’être humain et la délicatesse d’une histoire qui ne veut tout simplement plus nous quitter.

L’hiver dernier, la nouvelle de Claudia dans le recueil collectif « Cherchez la femme » avait fait plus que m’ébranler, elle m’avait fragilisé, comme écorché et réconforté. En lisant ses mots, non seulement j’ai été ému, mais j’ai eu le sentiment d’entrer dans un univers où la mélancolie est permise, dans un monde où les émotions sont à la fois salvatrices et destructrices et dans un lieu où la transparence est imparfaite et follement nécessaire.

Ces jours-ci, Claudia Larochelle nous offre un livre composé entièrement de ses propres nouvelles. Loin, très loin des clichés voulant que le genre de la nouvelle se résume à la concision et à une fin surprenante, son recueil est l’exemple parfait de ces petits bouts d’histoires dont la longueur est tout simplement parfaite. Non pas que les personnages de Claudia n’aient pas l’étoffe des grands romans – bien au contraire – mais l’auteure a le don de nous attacher à leur destin dès les premiers instants et de nous en détacher juste au bon moment, sans nous laisser sur notre faim.

Partisan de la vulnérabilité, de l’écorchure, de la résilience, de la folie et de cette franchise qui nous met à nu sans la moindre gêne, le recueil de Claudia déshabille la femme, l’amoureuse, l’amante, la mère, la petite fille, la grand-mère, un morceau à la fois, jusqu’à l’abandon, jusqu’à la vérité, jusqu’à cette impression d’avoir posé les yeux sur une zone de l’être humain que bien peu d’entre nous osent montrer.

Maîtrisant l’écriture imagée comme bien peu d’écrivains savent le faire, Claudia Larochelle nous livre ses histoires avec délicatesse et solidité, comme une fleur fragile qui résiste au vent et à la vie. Chaque mot, chaque syllabe et chaque virgule donnent un rythme et un souffle à ces petites histoires qui nous montrent une partie cachée de nous-mêmes.

À mes yeux, un recueil de nouvelles, ça ne se résume pas. Toutefois, sachez que dans celui-ci, il y a beaucoup de nous, énormément d’elle, et que les chances que vous succombiez au charme de ses mots sont aussi élevées que l’âme de leur auteure est belle.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

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