mercredi 30 novembre 2011

Critique de « Junkyard/Paradis » à l’Usine C : c’est grave comme c’est beau !

Présenté deux soirs seulement à l’Usine C (30 novembre, 1er décembre), Junkyard/Paradis risque de bouleverser ceux qui le découvre et de renverser ceux qui le revoit. Ayant eu l’immense plaisir de tomber en amour avec la danse contemporaine grâce à la chorégraphie de Mélanie Demers en janvier dernier, je suis ressorti de ce furieux chaos encore plus ému que la première fois, troublé par le talent des danseurs de Mayday et enchanté de pouvoir encaisser autant de beauté en si peu de temps.

Junkyard/Paradis, c’est la déchéance et la reconstruction, l’être humain dans tout ce qu’il a de plus beau et de plus laid, une série de tableaux où la désolation fait un croque en jambes à l’émerveillement et une soirée où la douceur et la tendresse affrontent la cruauté aride de l’âme humaine. Profitant de la direction inspirée de Mélanie Demers, la danse contemporaine de Junkyard/Paradis embrasse le théâtre et la variété afin de mieux nous plonger dans la douleur de la représentation et de l’image.

Tout au long du spectacle, la scène de l’Usine C est habitée par une musique qui nous rentre dans le coeur et par des accessoires que les danseurs-acteurs-performeurs manient à leur guise : des poignées de Nutella qui salissent la beauté vulnérable de Brianna Lombardo, des conserves de tomates qui permettent à Jacques Poulin-Denis de s’automutiler et de retomber dans l’imaginaire innocent d’un enfant, du beurre d’arachides qui empatte le déchirement amoureux d’Angie Cheng ou des bouts de vêtements que l’un remet sur l’autre en guise de réconfort et de protection.

L’incandescente Brianna Lombardo est l’une des meilleures interprètes féminines qu'il m’ait été donné de voir, toutes danseuses et actrices confondues. Déjà fort impressionnant en janvier 2011, Jacques Poulin-Denis va encore plus loin qu’il y a un an lorsqu’il s'attaque au rôle d’animateur de soirée. De leur côté, Nicolas Patry, Angie Cheng et Mélanie Demers atteignent un stade supérieur de l’interprétation, profitant visiblement des 11 mois qui se sont écoulés depuis leur aventure à l'Agora de la danse afin de grandir en tant qu'humains et en tant qu'artistes.

Junkyard/Paradis nous offre une série de moments de grâce qu’on aimerait revivre encore et encore.

mercredi 23 novembre 2011

« Moi qui me parle à moi-même dans le futur » : tant de mots pour presque rien…



Après avoir présenté « Moi qui me parle à moi-même dans le futur » à guichet fermé pendant le FTA au printemps dernier, Marie Brassard revient jouer sa plus récente création sur la scène de l’Usine C jusqu’au 26 novembre prochain. Ironiquement, si l’actrice, conceptrice et metteure en scène se parle à elle-même dans le futur, plusieurs spectateurs se sont beaucoup ennuyés dans le présent.

En s’accompagnant des musiciens Jonathan Parant et Alexandre St-Onge, Marie Brassard invite les spectateurs à plonger dans son monde intérieur où l’enfant qu’elle était, l’artiste qu’elle est et la femme vieillissante qu’elle deviendra se parlent, se croisent et s’emportent. Composant et interprétant de splendides morceaux aux sonorités électro, les musiciens nous immergent dans une atmosphère euphorisante qui se marie avec grâce aux nombreuses projections vidéo. À plus d’une reprise, je me suis imaginé planer dans les rues de Montréal en écoutant le fruit de leur création bien spéciale. Non seulement cette idée m’apparaissait enveloppante et émouvante, mais elle me permettait également d’oublier quelques instants le texte qui était récité devant moi.

La pièce « Moi qui me parle à moi-même dans le futur » est écrite avec un vocabulaire trop littéraire pour le théâtre. La diction et l’interprétation de Marie Brassard donnent régulièrement des airs didactiques à sa création. Tout est trop prononcé et trop appuyé. Même si le spectacle a été présenté il y a plusieurs mois, le texte m’est apparu comme une première version non achevée qui pourrait aller beaucoup plus loin afin de profiter pleinement des idées principales qui sont fort intéressantes. L’idée d’abattre les limites de la temporalité, de retourner dans la poésie de l’enfance et de se laisser porter sans contrainte de réalisme est tout à fait attirante. Malheureusement, même si on essaie de se laisser aller dans l’espèce de candeur onirique qui nous est suggérée, on est constamment bloqué dans nos élans par un texte qui n’est pas suffisamment travaillé, des thématiques de base qui sont mal exploitées et un rendu qui laisse à désirer.

Au final, on demande à notre cerveau de faire abstraction des mots pour mieux se concentrer sur la musique et les aspects visuels de l’œuvre.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Usine C – 23 au 26 novembre
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Textes récents sur le théâtre :
THÉÂTRE : "Ha ha!..." au TNM : le jeu de la cruauté n'aura jamais été aussi réjouissant !
THÉÂTRE-DANSE : "J'aimerais pouvoir rire" : le talent brut de la famille Laurier
OPÉRA - "Rusalka" à l'Opéra de Montréal : la petite sirène version soprano tourmentée
THÉÂTRE - "Contre le temps" à Aujourd'hui : l'art de rendre les mathématiques fascinantes
THÉÂTRE - "L'Affiche" à l'Espace Libre : se faire mitrailler la tête et le coeur pendant 2 heures
THÉÂTRE - "Mon Frère est Enceinte" à la Licorne : avant Oprah, il y a eu Johanna
THÉÂTRE - "Au Champ de Mars" au Rideau-Vert : est-ce que ça peut être drôle, la guerre ?
THÉÂTRE - "Dans l'ombre d'Hemingway" : les tourments d'inspiration d'un vieux lion

dimanche 20 novembre 2011

« Ha ha!... » au TNM : le jeu de la cruauté n’aura jamais été aussi réjouissant !

Oeuvre phare de l'auteur Réjean Ducharme, « Ha ha!.. » est actuellement présentée au TNM pour la 3e fois en 60 ans, après que les metteurs en scène Jean-Pierre Ronfard et Lorraine Pintal nous aient offert leurs visions respectives. Jusqu’au 10 décembre prochain, Dominic Champagne s’approprie le texte de Réjean Ducharme en compagnie d’un quatuor d’acteurs qui font de la cruauté le plus fabuleux des terrains de jeu.

Disons-le tout de suite, l’univers de Réjean Ducharme est loin d’être le plus facile à apprivoiser. En plus de prendre un malin plaisir à nous mener dans une direction avant de nous perdre en chemin, le dramaturge s’approprie la langue en lui faisant dire à peu près n’importe quoi. Après les vingt premières minutes de la pièce, qui sont nécessaires afin de se débarrasser de l’incrédulité et de l’incompréhension qui nous assaillent dès l'ouverture, les spectateurs goûtent à quelque chose de survolté, d’original et de franchement brillant.

Pour les besoins de « Ha ha!... », l’imaginaire incandescent de Réjean Ducharme a donné vie à Roger, un faux-poète qui possède autant de talent que nous avons de raisons d’apprécier son existence, Sophie, une femme qui recherche constamment la passion, la complication et le renouveau, Bernard, un alcoolique fini qui n’a plus rien de bon à offrir à la vie, et Mimi, une lente d’esprit qui souffre dès qu’on la touche. Deux couples vivant sous le même toit, quatre adultes ne se lassant pratiquement jamais du plaisir de jouer, de ne pas grandir, de ne pas suivre la ligne et de faire brûler les conventions, au risque de s’entre-déchirer et de se noyer dans le pathétisme de la cruauté.

Réjean Ducharme se permet de jouer avec les mots, les expressions, les structures de phrases, les consonances et tout ce que la langue met à sa disposition pour nous ébranler et nous divertir. Marc Béland et Sophie Cadieux nous prouvent une fois de plus qu’ils sont dignes des ligues majeures du théâtre québécois, alors qu’Anne-Marie Cadieux est une leçon de théâtre à elle seule. Investissement physique, laisser-aller, sens du timing, intériorisation de personnages peu communs, maîtrise d’une langue tordue et délirante, la distribution de « Ha ha!... » fait flèche de tout bois.

Profitant d’un talent incontestable pour la direction d’acteurs, le metteur en scène Dominic Champagne réussit à chorégraphier ce furieux chaos à la perfection. Les 4 acteurs qu’il a sous la main nous donnent l’impression de faire de l’improvisation maitrisée avec une virtuosité qui est à couper le souffle.

Bien que la pièce gagnerait à durer deux heures au lieu de trois, on sort du Théâtre du Nouveau Monde avec la conviction réjouissante d’avoir assisté à un événement théâtral qu'il nous était impossible de manquer.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

TNM – 15 novembre au 10 décembre
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mercredi 16 novembre 2011

« J’aimerais pouvoir rire » à l’Usine C : le talent brut de la famille Laurier

Si le public connait le talent d’actrice de Lucie Laurier depuis une petite éternité, il vient certainement de faire la rencontre avec celui, incontestable, pour la mise en scène. Jusqu’au 19 novembre, l’Usine C est le témoin privilégié de sa vision de la schizophrénie à travers la non-retenue des mouvements de son frère et de sa sœur.

Angela la danseuse et contorsionniste, petit bout de femme délicat et solide, arrive sur scène sous un majestueux tissu blanc recréant le mouvement des rêves et des pensées dénuées de limites de son frère Dominique, atteint de schizophrénie. Maitrisant un corps qu’elle fait bouger à la limite du possible, Angela épouse la folie des membres et de la psyché avec un laisser-aller libérateur et captivant. Arrive ensuite le fameux frère, Dominique, sur l’écran gargantuesque qu’est devenu le bout de tissu accroché au plafond. Il se raconte, se rappelle, son enfance en Colombie-Britannique, ses excès d’agressivité, le processus pour accepter le diagnostic de sa maladie. Frère et soeur partagent ensuite la scène. Angela exécute de splendides contorsions chorégraphiées sous les yeux attentifs de son frère, avant que celui-ci la rejoigne dans une danse endiablée, sans prétention et sans barrières, et la peigne sur un écran où sont projetées d’autres versions de leurs élans complices. On les sent s’amuser comme les enfants qu'ils ont déjà été : avec amour et sans jugement.

« J’aimerais pouvoir rire » mélange la danse aux arts visuels, le théâtre au documentaire et la poésie à la vie dans toute sa pureté, le tout supporté par une trame musicale envoûtante et enivrante.

Profitant du travail des interprètes qui sont complètement investis dans ce qu’ils font, la mise en scène de Lucie Laurier n’en finit plus de surprendre, d’émouvoir, de sensibiliser, de vulgariser et de fasciner. « J’aimerais pouvoir rire » est l’exemple parfait du laisser-aller contrôlé qui nous laisse sans voix.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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mardi 15 novembre 2011

« Ficelles » : une chanson sur les fils de la mémoire qui s’étiole


Pas évident d’écrire une chanson sur la maladie et ses effets collatéraux. Semble-t-il que la talentueuse Ingrid St-Pierre (dont j’ai récemment vanté les mérites dans un billet précédent) a réussi à mettre en mots et en images les douleurs de l’Alzheimer avec une simplicité et une douceur qui vont droit au cœur.

Parce que 4 de mes proches souffrent d’Alzheimer, parce que c’est probablement la maladie qui fait le plus peur à l’amoureux des mots que je suis et parce que la simple idée d’oublier ou d’être oublié est aussi douloureuse que prévisible, je partage avec vous les paroles de la chanson « Ficelles » d’Ingrid St-Pierre. À écouter via http://www.youtube.com/watch?v=ea-_mR-EpsE&feature=results_video&playnext=1&list=PL20B500AE1CD44909

Les jours et les saisons
la couleur de mes yeux
les paroles des chansons
celles qu'on chantait à deux

Le chemin de ta maison
comment on se maquille les yeux
la fête de tes enfants
mais oublie pas mon nom

Tes souvenirs d'avant
tu sais je veillerai sur eux
je les rattraperai au vent
je te raconterai si tu veux

Je nouerai des ficelles
à tes souvenirs qui s'étiolent
et le jour où ils s'envoleront
moi j'en ferai des cerfs-volants
mais oublie pas mon nom

Je t’écrirai que je t'aime
partout dans la maison
et si tu m'oublies quand même
juste en-dessous y'aura mon nom
et je serai là pour de bon
et je serai là pour de bon

Je nouerai des ficelles
à tes souvenirs qui s'étiolent
et le jour où ils s'envoleront
moi j'en ferai des cerfs-volants
mais oublie pas mon nom

dimanche 13 novembre 2011

“Rusalka” à l’Opéra de Montréal : la petite sirène version soprano tourmentée

Deuxième production de l’Opéra de Montréal cette saison, Rusalka est directement inspirée du conte de La Petite Sirène, imaginé par Hans Cristian Handersen. Présentée à la salle Wilfrid-Pelletier pour 4 soirs seulement (12-15-17-19 novembre), l’œuvre du compositeur Antonin Dvorak est une des rares productions livrées en tchèque à se rendre jusqu’à nos oreilles.

Rusalka est une jeune nymphe des eaux, amoureuse d’un prince de la race des humains, qui néglige les conseils de son père en quémandant une malédiction à la sorcière Jezibaba afin de devenir humaine pour que le prince la voit, l’embrasse et l’enlace. Obnubilée par son amour, Rusalka assume un mauvais sort qui la rend muette, dénuée de ce qu’on appelle « la passion humaine », constamment privée de chaleur dans ses veines, et dont l’issue s’avèrera fatale si le prince se détourne d’elle.

Forte d’une remarquable présence scénique, la soprano Kelly Kaduce possède une voix qui glisse dans nos oreilles comme une splendeur d’émotions et de douceurs dont on ne se lasse jamais. Une voix qui se laisse immerger sous la mer, en pleine forêt ou dans un chic château grâce à l’utilisation des immenses écrans de projection LED HD. Bien que les transitions soient trop nombreuses, trop rapides et quelques fois maladroites, l’aspect visuel offert par les écrans est franchement impressionnant à plus d’une reprise. Bravo aux artisans de l’Opéra de Montréal qui osent sortir des sentiers battus un peu plus souvent qu’avant. Prière de continuer.

Malheureusement pour Rusalka, plusieurs aspects de la mise en scène et de la compréhension générale de l’histoire deviennent difficiles à suivre par moment (l'interaction des invités lors de la fin du bal au château ou les multiples conséquences de la malédiction), le spectacle de trois heures, divisé en trois actes, est franchement trop long et les chorégraphies dansantes des nymphes des eaux sont tout sauf originales.

N’empêche, la qualité du jeu de la toute distribution, les décors novateurs et la star Kelly Kaduce font de Rusalka une agréable soirée à la Place-Des-Arts.

Extrait du spectacle : http://www.operademontreal.com/fr/popup_fr.html?id=1198&indexGroup=4

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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jeudi 10 novembre 2011

“Contre le temps” au T. d’Aujourd’hui : l’art de rendre les mathématiques fascinantes

Évariste Galois, vous connaissez ? Il s’agit d’un mathématicien français dont les théories d’algèbre ont révolutionné la science et le monde bien longtemps après sa mort. Vous croyez que les mathématiques sont un sujet bien peu inspirant pour vous déplacer au théâtre ? Détrompez-vous. Ce jeune fou des chiffres et de la modernité arrive à faire converger le talent de l’auteure Geneviève Billette et de huit grands acteurs sous la direction de René-Richard Cyr.

Impossible de quitter le Théâtre d’Aujourd’hui sans avoir saisi que l’intensité, la fougue et les élans dévastateurs d’un mathématicien sont aussi violents et grandioses que ceux d’un écrivain. Le personnage d’Évariste Galois, interprété par un Benoit Drouin-Germain enflammé, physique et totalement investi, brûle de dépasser les limites de l’acceptable. Son Galois se bat contre le temps et contre une époque qui se croit en retard et qui ne voit d’utiles que les réflexions servant concrètement à aujourd’hui, et non à demain. Le jeune mathématicien improvise les abstractions afin de se surprendre et de révolutionner la modernité de la science. Autour de lui, un père qui rêve de la république, une mère qui veut le protéger et lui éviter les soucis de sa rébellion, une jeune femme amoureuse de lui alors qu’il n’a d’yeux que pour son algèbre, et le spectre d’un mathématicien reconnu qui fait tout pour que son jeune collègue réussisse là où il a échoué.

Outre le côté légèrement verbeux de son texte, Geneviève Billete nous plonge dans une réalité méconnue avec un talent incontestable pour raconter une histoire. Inspirants, beaux et forts, ses mots nous instruisent et nous captivent, nous divertissent et nous émeuvent. Profitant d’une habile mise en scène, le passé et le présent se passent le flambeau aussi aisément que le monde réel et l’au-delà se tendent la main. Et que dire des fabuleux costumes d’époque qui donnent le ton à la pièce avant même qu’il ne se passe quoi que ce soit.

En travaillant sur les solides fondations imaginées par l’auteure et le metteur en scène, Benoit Drouin-Germain, Benoit McGinnis, Benoit Gouin, Monique Spazziani, Bruno Marcil, Frédéric Paquet, Kim Despatis et Émilien Néron – un jeune acteur qui se débrouille surprenamment bien avec le français normatif – font de « Contre le temps » une œuvre mémorable.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Théâtre d’Aujourd’hui – 8 novembre au 3 décembre 2011 (Crédits photo : Valérie Remise)
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mercredi 9 novembre 2011

“L’Affiche” à l’Espace Libre : se faire mitrailler la tête et le cœur pendant 2 heures

Œuvre puissante, œuvre phare, œuvre nécessaire, « L’Affiche » écrite et mise en scène par Philippe Ducros reprend du service à l’Espace Libre jusqu’au 26 novembre. L’œuvre de Ducros est littéralement portée par une distribution, une mise en scène et un texte qui sont à couper le souffle.

Le programme de la soirée affiche très clairement la réalité à la base de l’histoire qui nous est catapultée en plein visage : « En Palestine, lorsque quelqu’un meurt d’une cause reliée directement à l’occupation, des factions s’approprient sa mort, font une affiche avec la photo du martyr et en tapissent les murs du pays. Les murs sont complètement recouverts d’affiches. » La pièce de Philippe Ducros s’ouvre à la mort d’un jeune martyr de 16 ans et se poursuit avec la réaction d’un père qui s’étourdit avec le bruit des machines reproduisant les fameuses affiches, celle de la mère qui transforme son défunt fils en héros, celle du soldat qui a fait traverser une balle dans le corps de l’adolescent, des voisins, eux aussi victimes de leurs méthodes kamikazes, du mur, de l’occupation, des checkpoints, du soleil qui ne se rend plus jusqu’à eux, des oliviers de leurs ancêtres qui sont déracinés des terres qui leur sont volées. Tandis que le soldat israélien est troublé par un geste posé contre le peuple de cette « Palestine qui n’existe pas », un Palestinien participe à la construction du mur séparant son peuple du reste du monde. Puissant paradoxe que voilà.

Au lieu de sombrer dans la facilité d’une écriture manichéenne où le Bien et le Mal sont clairement identifiés, où l’on doit choisir son camp et où les gentils vainquent inévitablement à la fin, Philippe Ducros prend le camp de l’humanité, de ses failles, de ses contradictions, de ses cris du cœur, de ses envies de survie et de vengeance. Ses thèmes sont assurément d’une lourdeur et d’une profondeur abyssale, ses personnages et ses enjeux prennent du temps à s’installer et à se clarifier, mais l’auteur arrive tout de même à nous ébranler et à nous conscientiser en allant au bout de tout ce qu’il veut affirmer dans sa pièce. Du grand théâtre.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Espace Libre – 8 au 26 novembre 2011
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Critique de “Mon frère est enceinte” à la Petite Licorne : avant Oprah, il y a eu Johanna

Titre intriguant s’il en est un, « Mon frère est enceinte » est une autre de ces splendeurs que le Théâtre la Licorne présente au public depuis sa réouverture. Écrite, traduite et interprétée par la Montréalaise Johanna Nutter, l’œuvre s’attaque à une série de tabous sur l’identité sexuelle et sur la notion fondamentale de la maternité avec légèreté et émotions.

Jouée à la Petite Licorne (dans sa version originale anglaise les vendredis et en français le reste de la semaine), « Mon frère est enceinte » est l’incarnation de certains enjeux universels ancrés autour des rues Sherbrooke, St-Laurent, St-Viateur et de l’Avenue du Parc : petit coin de la métropole où Johanna a grandi avec une sœur qui se sentait plus garçon que fille et une mère hippie qu’elle a rapidement remplacée en tant que chef de famille. Un jour, la sœur de Johanna lui apprend qu’elle s’est fait enlever les seins et qu’elle a débuté un traitement d’hormones pour changer de sexe. Aimante, ouverte et soulagée de savoir sa sœur plus heureuse en tant qu’homme, Johanna fait le « switch » immédiatement et épaule son frère sans réfléchir. Quelques années plus tard, lorsque son « frère » tombe enceinte (puisqu’il possède encore le sexe féminin), Johanna la dévouée l’accompagne dans cette aventure ô combien particulière.

C’est ainsi que deux ans avant qu’Oprah Winfrey interviewe un homme ayant donné la vie, le « frère » de Johanna avait donné naissance à une petite brune bouclée aux grands yeux bleus.

Seule en scène, Johanna Nutter dessine un Mont-Royal à la craie sur le mur du fond, avant de délimiter son environnement en traçant au sol les grandes artères de son existence. Elle incarne à la fois un frère confus et bourru, une mère qui se détache de ses émotions et de ses responsabilités, ainsi que son propre personnage, une jeune femme dotée d’un amour inconditionnel pour les siens, d’un talent pour le bonheur, d’une ouverture d’esprit qui ne demande aucun effort et de ce besoin irrépressible d’aider et de réunir les siens.

L’histoire de Johanna Nutter sort de l’ordinaire, mais l’actrice et dramaturge arrive à nous la livrer avec une telle simplicité et une telle passion au fond des yeux qu’on a l’impression qu’elle nous raconte quelque chose qui aurait pu nous arriver. Elle nous fait réfléchir et nous réconforte à la fois. Un petit bijou.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

La Petite Licorne – 7 au 25 novembre 2011
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dimanche 6 novembre 2011

Critique du film “In Time” : beaucoup doivent mourir pour que certains soient immortels

Justin Timberlake joue les acteurs dans un film qui espère plonger les cinéphiles dans une série de réflexions sur la valeur du temps, alors que les minutes, les heures, les années et les décennies y sont utilisées sous forme de monnaie d’échange. Malheureusement, malgré le formidable attrait de sa bande-annonce, In Time n’est rien d’autre qu’un gros pétard mouillé.

Incroyable de constater que la prémisse originale de ce film ait été plombée par le scénariste et réalisateur Andrew M. Niccol, celui-là même qui avait été nommé aux Oscars pour le scénario du Truman Show.

« In Time », c’est une société – étrangement limitée à une seule ville des États-Unis – où les humains vivent jusqu’à 25 ans, avant de voir le décompte de leur dernière année de vie débuter dans un chronomètre en forme de code-barres imprimé sur leur avant-bras. Dans ce monde où votre cœur cesse de fonctionner lorsque vous êtes à court de temps, tous les moyens sont bons pour gagner une heure ou quelques décennies.

Vous aurez compris que le temps, c’est de l’argent, au propre comme au figuré. Non seulement les hommes et les femmes de cette époque doivent se battre contre la montre pour survivre, mais ils doivent également se servir du temps qui leur est alloué pour se payer un café, un billet d’autobus, une chambre d’hôtel ou un changement de zones municipales, qui séparent les différentes classes sociales. Au début de « In Time », le personnage de Justin Timberlake, Will Salas, hérite d’un siècle de vie lorsqu’un ex-millionnaire du temps décide que l’humain ne devrait pas être immortel, qu’il en a assez vu et qu’il préfère lui léguer sa « fortune ». Alors que la police du temps (le time keeper) suspecte Will Salas d’être responsable de la mort de l’homme, Will entreprend un genre de croisade à la Robin des Bois avec la fille d’un riche millionnaire.

Même si la quête de répartition de la richesse est un cliché énorme, la base du scénario de « In Time » me semblait fabuleuse, voire aussi fascinante que l’avait été « Minority Report » de Steven Spielberg, en 2002, alors que la police du futur avait trouvé un moyen de prévoir et d’empêcher les crimes. Là où le film de Spielberg impressionnait grâce à un scénario solide et une réalisation efficace, le film d’Andrew Niccol s’écrase lamentablement.

La réalisation, la trame sonore et le montage de « In Time » sont dignes d’une recette de film d’action supposément construit sur une histoire qu’on souhaite solide. Les questionnements sur la valeur du temps sont abordés en superficie. Les dialogues manquent trop souvent de crédibilité. Les personnages de 25 ans d’âge corporel ne sont pas seulement jeunes, ils sont tous plastiquement beaux. D’ailleurs, en assistant à un échange d’affection entre Justin Timberlake et une actrice dans la vingtaine qui interprète sa mère, impossible de ne pas sentir un début de tension sexuelle entre eux.

Du côté des acteurs, Amanda Seyfried ne fait rien d’autre que d’utiliser ses yeux de biche et ses lèvres pulpeuses, pendant que son collègue Justin Timberlake, juste la plupart du temps, peine à convaincre lors des scènes de grandes émotions.

« In Time » est une foudroyante déception.


Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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Textes sur le cinéma :
"French Immersion" : la honte, d'un océan à l'autre
"L'Affaire Rachel Singer / The Debt" : le thriller surprise de l'été 2011

"One Day" : l'étincelle amoureuse d'une amitié qui traverse le temps
"Rise of the planet of the apes" : divertissante, la laideur humaine ?
"Starbuck" : une immense bouffée d'air frais et d'amour filial
"The Tree of Life" : l'intimité de la vie mise en images
"GERRY" : à voir avec les yeux du coeur
"X-Men - First Class" : il était une fois des enfants mutants
"Des hommes et des Dieux" : partir ou bien mourir
Dossiers Oscars - "Biutiful" fait-il le poids face à Incendies ?
"Funkytown" : de fascinantes lumières disco qui finissent par brûler...
"Somewhere" : une cinéaste qui se regarde réfléchir
"Blue Valentine" : la petitesse des grandes déchirures

vendredi 4 novembre 2011

Projet DodoLapin.com : marquer le cœur d’un enfant en lui offrant une chanson personnalisée

Bon, vous allez me dire de me calmer la festivité en vous suggérant des cadeaux quelques jours après Halloween et quelque 8 semaines avant Noël, mais sachez que l’idée cadeau qui risque d’émerveiller les tout-petits (et leurs parents) le 25 décembre prochain risque d’en faire tout autant pour le reste de l’année.

Le projet DodoLapin vous propose des berceuses, des chansons et des contes personnalisés. Après avoir écouté quelques extraits de tout ce qui est proposé, j’avoue avoir un faible pour les berceuses. Une voix qui apaise et qui accompagne vers le rêve. Une voix qui endort et qui marque fistons et fillettes. Une voix qui prononce son nom, qui illumine ses yeux, qui interpelle son cœur.

Si le prénom de la petite fille ou du petit garçon à qui vous voulez offrir une berceuse ne se retrouve pas dans la banque de chansons personnalisées déjà existante, les créateurs s’engagent à retourner en studio sans vous demander un seul sou de plus.

Un dernier détail, mais non le moindre : la voix de la chanteuse, Marisol Forest, est une petite merveille. Douce, enveloppante, placée, précise, jamais forcée, toujours pleine de vérité. Idéale pour sombrer dans l’univers de Morphée.

Faites un tour sur le site Web de DodoLapin et soyez les premiers à faire le plus beau des cadeaux aux enfants qui vous entourent : http://dodolapin.com/index.php?cPath=23

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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mercredi 2 novembre 2011

« Au Champ de Mars » au Rideau-Vert : est-ce que ça peut être drôle, la guerre ?

Forte d’un succès populaire lors de sa création au Théâtre La Licorne en 2010, la pièce de l’auteur Pierre-Michel Tremblay, « Au Champ de Mars », s’amène au Théâtre du Rideau-Vert jusqu’au 12 novembre prochain, avant de partir en tournée ailleurs au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. Au menu : guerre, choc post-traumatique, psychologie, musique et quelques Tim Bits.

Connu à l’époque où il faisait partie des Éternels Pigistes (Le Rire de la mer, Mille feuilles, Quelques humains), qui prenaient plaisir à jouer « la comédie avec de l’angoisse dedans », Pierre-Michel Tremblay offre aujourd’hui le même genre de cocktail diablement efficace aux amoureux de théâtre.

Avec « Au Champ de Mars », le dramaturge pose sa plume dans l’univers d’Éric, un jeune soldat revenu d’Afghanistan avec un choc post-traumatique dans ses bagages. Le jeune homme, visiblement perturbé, rencontre une psychiatre souffrant de fatigue de compassion à force de ressentir les douleurs de ses clients-patients. Pour s’en sortir, celle-ci s’inscrit à des cours de clarinette avec un professeur qui est membre de « Guerre à la guerre », un collectif supposément pacifiste. Également en jeu, un réalisateur de cinéma qui rêve de tourner un film de guerre lui permettant de gravir les marches de la Croisette.

Tous les éléments sont réunis pour faire de la pièce « Au Champ de Mars » une œuvre fluide, drôle, rythmée et punchée. Le texte de Pierre-Michel Tremblay verse dans la comédie, la satire, la détresse et l’imaginaire, tout en étant doté d’un réalisme fort à propos lorsque le personnage d’Éric affronte les restes de la guerre qui s’acharnent à le pourchasser et que certaines idéologies antiguerre sont démontées. La mise en scène de Michel Monty passe d’un tableau à l’autre avec clarté et efficacité. La distribution est impeccable et les acteurs profitent de l'expérience acquise lors de leurs nombreuses représentations à La Licorne il y a plus d'un an pour interpréter leurs personnages avec beaucoup d'aisance.

Malgré l’évidente charge humoristique de la pièce de Pierre-Michel Tremblay, il est fascinant de constater la quantité impressionnante de fous rires provoqués au Rideau-Vert, alors que l'équilibre entre l'humour et la détresse étaient maintenu à La Licorne, lors de sa création.

D’une manière ou d’une autre, le Champ de Mars se doit maintenant d’être une pièce que vous avez vue et non plus le nom d’une simple station de métro sans histoire.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Théâtre du Rideau-Vert – 1er au 12 novembre
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