mercredi 2 novembre 2011

« Au Champ de Mars » au Rideau-Vert : est-ce que ça peut être drôle, la guerre ?

Forte d’un succès populaire lors de sa création au Théâtre La Licorne en 2010, la pièce de l’auteur Pierre-Michel Tremblay, « Au Champ de Mars », s’amène au Théâtre du Rideau-Vert jusqu’au 12 novembre prochain, avant de partir en tournée ailleurs au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. Au menu : guerre, choc post-traumatique, psychologie, musique et quelques Tim Bits.

Connu à l’époque où il faisait partie des Éternels Pigistes (Le Rire de la mer, Mille feuilles, Quelques humains), qui prenaient plaisir à jouer « la comédie avec de l’angoisse dedans », Pierre-Michel Tremblay offre aujourd’hui le même genre de cocktail diablement efficace aux amoureux de théâtre.

Avec « Au Champ de Mars », le dramaturge pose sa plume dans l’univers d’Éric, un jeune soldat revenu d’Afghanistan avec un choc post-traumatique dans ses bagages. Le jeune homme, visiblement perturbé, rencontre une psychiatre souffrant de fatigue de compassion à force de ressentir les douleurs de ses clients-patients. Pour s’en sortir, celle-ci s’inscrit à des cours de clarinette avec un professeur qui est membre de « Guerre à la guerre », un collectif supposément pacifiste. Également en jeu, un réalisateur de cinéma qui rêve de tourner un film de guerre lui permettant de gravir les marches de la Croisette.

Tous les éléments sont réunis pour faire de la pièce « Au Champ de Mars » une œuvre fluide, drôle, rythmée et punchée. Le texte de Pierre-Michel Tremblay verse dans la comédie, la satire, la détresse et l’imaginaire, tout en étant doté d’un réalisme fort à propos lorsque le personnage d’Éric affronte les restes de la guerre qui s’acharnent à le pourchasser et que certaines idéologies antiguerre sont démontées. La mise en scène de Michel Monty passe d’un tableau à l’autre avec clarté et efficacité. La distribution est impeccable et les acteurs profitent de l'expérience acquise lors de leurs nombreuses représentations à La Licorne il y a plus d'un an pour interpréter leurs personnages avec beaucoup d'aisance.

Malgré l’évidente charge humoristique de la pièce de Pierre-Michel Tremblay, il est fascinant de constater la quantité impressionnante de fous rires provoqués au Rideau-Vert, alors que l'équilibre entre l'humour et la détresse étaient maintenu à La Licorne, lors de sa création.

D’une manière ou d’une autre, le Champ de Mars se doit maintenant d’être une pièce que vous avez vue et non plus le nom d’une simple station de métro sans histoire.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Théâtre du Rideau-Vert – 1er au 12 novembre
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