mercredi 30 novembre 2011

Critique de « Junkyard/Paradis » à l’Usine C : c’est grave comme c’est beau !

Présenté deux soirs seulement à l’Usine C (30 novembre, 1er décembre), Junkyard/Paradis risque de bouleverser ceux qui le découvre et de renverser ceux qui le revoit. Ayant eu l’immense plaisir de tomber en amour avec la danse contemporaine grâce à la chorégraphie de Mélanie Demers en janvier dernier, je suis ressorti de ce furieux chaos encore plus ému que la première fois, troublé par le talent des danseurs de Mayday et enchanté de pouvoir encaisser autant de beauté en si peu de temps.

Junkyard/Paradis, c’est la déchéance et la reconstruction, l’être humain dans tout ce qu’il a de plus beau et de plus laid, une série de tableaux où la désolation fait un croque en jambes à l’émerveillement et une soirée où la douceur et la tendresse affrontent la cruauté aride de l’âme humaine. Profitant de la direction inspirée de Mélanie Demers, la danse contemporaine de Junkyard/Paradis embrasse le théâtre et la variété afin de mieux nous plonger dans la douleur de la représentation et de l’image.

Tout au long du spectacle, la scène de l’Usine C est habitée par une musique qui nous rentre dans le coeur et par des accessoires que les danseurs-acteurs-performeurs manient à leur guise : des poignées de Nutella qui salissent la beauté vulnérable de Brianna Lombardo, des conserves de tomates qui permettent à Jacques Poulin-Denis de s’automutiler et de retomber dans l’imaginaire innocent d’un enfant, du beurre d’arachides qui empatte le déchirement amoureux d’Angie Cheng ou des bouts de vêtements que l’un remet sur l’autre en guise de réconfort et de protection.

L’incandescente Brianna Lombardo est l’une des meilleures interprètes féminines qu'il m’ait été donné de voir, toutes danseuses et actrices confondues. Déjà fort impressionnant en janvier 2011, Jacques Poulin-Denis va encore plus loin qu’il y a un an lorsqu’il s'attaque au rôle d’animateur de soirée. De leur côté, Nicolas Patry, Angie Cheng et Mélanie Demers atteignent un stade supérieur de l’interprétation, profitant visiblement des 11 mois qui se sont écoulés depuis leur aventure à l'Agora de la danse afin de grandir en tant qu'humains et en tant qu'artistes.

Junkyard/Paradis nous offre une série de moments de grâce qu’on aimerait revivre encore et encore.

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