vendredi 20 avril 2012

Alvin Ailey American Dance Theater : ce que l’Afrique et l’Amérique ont fait de plus beau !


Véritable joyau de la danse moderne américaine, la compagnie Alvin Ailey Dance Theater soulève les passions depuis 1958. Qu’on se le tienne pour dit : toute personne ayant le titre d’interprète (acteur, musicien, chanteur, danseur et autre) devrait jeter un coup d’œil à l’incontestable vérité brute qui se dégage des chorégraphies afro-américaines, présentées du 19 au 21 avril à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place-des-Arts.

Même si aucune histoire ne relie les chorégraphies de Alvin Ailey et de son actuel successeur, Robert Battle, il se trouve néanmoins un fil conducteur qui se concentre sur la souffrance du peuple noir, leurs rituels religieux et les tristement célèbres champs de coton, sur fond de musique gospel, blues et de ragtime.

Après une première section proprette, signée Ailey, où les mouvements uniformes évoquent en nous très peu d’émotions, la foule de la salle Wilfrid-Pelletier est littéralement enflammée par les trois chorégraphies imaginées par Robbert Battle. D’abord, In/Side, dansée sur la voix dramatique de Nina Simone, interprétant Wild is the Wind. Le soliste Yannick Lebrun est au paroxysme de l’intensité, de la déchirure et de l’émotion pure. Ces quelques minutes suffisent à nous convaincre que nous avons droit à quelque chose de grand.

Viens ensuite Takademe et The Hunt où la virilité est à l’honneur. La force toute-puissante qui se dégage des six danseurs fait raisonner en nous des instincts de guerriers franchement vivifiants. Athlétiques, intenses, exigeantes et nous donnant l’impression d’observer ce que l’Afrique et l’Amérique ont fait de meilleur, ces deux chorégraphies de Robert Battle  franchement trépidantes. On passerait des heures à regarder les danseurs s’exécuter sur des rythmes endiablés sans jamais se lasser.

Le tout se termine avec Revelations, où le chorégraphe Alvin Ailey replonge dans le Texas des années 30. Moins percutante et mémorable que les sections précédentes, la conclusion du spectacle offre néanmoins sont lot d’images et de sentiments extrêmement forts où le black spirit est à son meilleur.

En ayant la sublime idée d’inviter la compagnie Alvin Ailey Dance Theater, les Grands Ballets permettent au public montréalais de goûter à une danse qu’il est tout simplement impossible d’oublier. Les froides lignes du ballet classique nous apparaissent bien fades aux côtés de l’incarnation chaleureuse de ce talent brut pour la danse.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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