mercredi 25 avril 2012

« Amaluna » du Cirque du Soleil : des numéros remâchés de grande qualité

Avec une 32e production à son actif, le Cirque du Soleil est-il encore capable de se réinventer ? La question s'impose après avoir assisté à la première du spectacle Amaluna, présentée dans le Vieux-Port de Montréal. Malgré des numéros d’une indéniable qualité et un penchant pour l’esthétisme fort réussi, le dernier-né de la troupe de Guy Laliberté n’est pas à la hauteur des attentes.

Pour le peu qu’il y ait un fil conducteur à l’œuvre dirigée par Diane Paulus, Amaluna est une île gouvernée par des déesses et défendue par des amazones où une jeune fille est initiée à l’amour et à la vie. L’idylle qu’elle entretient avec Romeo parsème le spectacle ici et là, mais force est d’admettre que le Cirque du Soleil n’est pas en train de nous raconter une histoire, mais plutôt d’enchaîner les prouesses techniques en s’assurant de donner toute la place à la puissance féminine.

À cet égard, plusieurs qualités traditionnellement associées aux femmes sont représentées pendant le spectacle : la sensualité et l’intensité du cerceau aérien chanté ; le lyrisme, la fougue et l’intempestivité de la musique interprétée par huit musiciennes en direct sur la scène ; la douceur, la chaleur et la subtilité des éclairages, ainsi que l’incandescente beauté de la plupart des costumes apportent un petit quelque chose de sublime à l’ensemble.

Cependant, la force féminine d’Amaluna est maintes fois devancée par une impression de déjà-vu qui finit par agacer. Le numéro où les amoureux s’amusent dans l’énorme bol d’eau est joli et bien réalisé, sans être soufflant de nouveauté. Celui où les amazones s’exercent aux barres asymétriques n’ajoute pratiquement rien à ce que des gymnastes de niveau national pourraient exécuter. Les petites acrobates asiatiques qui se font tourner comme des crêpes attirent notre attention, mais ne nous surprennent plus. Les passages d’unicycle, de fil de fer et de bascule sont aussi révolutionnaires que celui de la jonglerie. C’est-à-dire, pas du tout.

Les moments forts du spectacle sont plutôt réservés au numéro solo de Romeo, inexpressif, mais ô combien talentueux, à plusieurs interventions rigolotes des deux clowns et au passage où une jeune femme assemble un amas de morceaux de bois avec une minutie, une patience et un contrôle de soi frisant la perfection. La moitié de la foule s’est d’ailleurs levée pour l’ovationner.

Conscients de ne rien bousculer de l’univers circassien avec l’aspect technique d’Amaluna, les créateurs prétendent avoir innové avec une narrativité puissante et recherchée. Voilà un argument bien maladroit lorsque ni l’originalité, ni l’histoire du spectacle n’arrivent à nous transporter. En vérité, le Cirque du Soleil présente aux Montréalais une œuvre à l’image d’une vieille relation amoureuse : ne fournissant plus suffisamment d’efforts pour la réinventer, elle n’offre rien d’autre que du confort et de la facilité.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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