mardi 10 juillet 2012

Critique de « Chantons sous la pluie » : une incroyable décharge d’énergie !


Deux ans après avoir présenté le succès retentissant de La Mélodie du Bonheur, Denise Filiatrault revient à la charge avec Chantons sous la pluie, version française de la comédie musicale inspirée du film de 1952, Singing in the Rain, où René Simard, Renaud Paradis et Marilou Morin jouent, chantent et dansent avec un enthousiasme hors du commun.

Campée à une époque où le cinéma parlant gagne du terrain au détriment du cinéma muet (un peu comme dans le film The Artist), Chantons sous la pluie met en scène Don Lockwood, acteur vedette qui tente de vivre la transition du Septième art avec succès. S’amourachant d’une jeune actrice qui lève le nez sur les films muets et tentant par tous les moyens de se libérer d’une co-vedette convaincue de se marier sous peu avec lui, puisque les magazines l'écrivent depuis des mois, Lockwood aura l’idée de développer un film musical afin de réussir son passage au cinéma parlé. 

Outre quelques faux pas, Denise Filiatrault relève l’énorme défi de monter Chantons sous la pluie, dans le cadre du Festival Juste Pour Rire : costumes éclatants, chorégraphies réglées au quart de tour, décors magnifiques qui se succèdent à un rythme infernal, acteurs-danseurs-chanteurs qui donnent tout ce qu’ils ont pour faire de ce spectacle un moment mémorable. 

En contrepartie, malgré tout le savoir-faire de l’interprète de Don LockWood en danse, en chant et en jeu, il manque une étincelle à Renaud Paradis pour que nous ne regrettions pas le charisme magnétique de Gene Kelly dans la version cinématographique de l’époque. De son côté, René Simard en impose avec son énergie et sa fouge, mais force et d’admettre qu’aux côtés de ses talents pour le chant et la danse, l’enfant-chéri des Québécois est tout sauf un acteur. Linéaire et faux dans son interprétation, Simard ne peut hélas pas mettre à profit sa grande expérience pour égaler la jeune Marilou Morin en naturel et en simplicité. 

Outre ces bémols du côté de l’interprétation et le fait que la première partie gagnerait à être resserrée aussi efficacement que la deuxième, le spectacle de Chantons sous la pluie demeure un grand succès. Les versions françaises des chansons « Singin’ in the Rain », « Good Morning » et « Make ‘Em laugh » sont enlevantes. La cohésion de l’ensemble de danseurs est fichtrement belle à voir. Et la soirée permet au public montréalais de goûter au talent comique de Pascale Desrochers, véritable star de la soirée. En jouant Lina Lamont avec une voix nasillarde et suraiguë, en profitant d’un sens du punch magistral et à nous rendant attachante cette actrice finie, qui est prête à tout pour ne pas tomber de son piédestal, Desrochers fait crouler de rire la salle à chacune de ses présences. On croirait voir un croisement entre Dominique Michel et Criquette Rockwell, du Coeur a ses raisons. 

Avec une production digne de Broadway, des interprètes dévoués et une envie irrépressible d’être de bonne humeur en sortant de la salle de spectacle, Chantons sous la pluie mérite amplement qu’on prenne trois heures de notre vie pour le découvrir. 

http://www.hahaha.com/fr/montreal/act/2850

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin
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