jeudi 23 août 2012

« Comment je suis devenue touriste » : le bonheur futile en prend pour son rhume !


Vous rêvez depuis toujours de décocher une bonne droite au capitalisme, de faire un croque-en-jambes aux touristes envahissants et de mettre au plancher ce besoin furieusement répandu de se conformer à la masse pour accéder au bonheur ? Si vous avez répondu « oui » à l’une ou l’autre de ces questions, il se peut que la pièce « Comment je suis devenue touriste », présentée à la Petite Licorne jusqu’au 6 septembre, soit le remède à tous les maux de l’été qui tire à sa fin. 

Occupant fièrement le créneau estival de la nouvelle saison du Théâtre La Licorne, les Biches Pensives débutent « Comment je suis devenue touriste » en nous montrant une Alexandra assise paisiblement sur un divan en poils roses, contemplant le vide réconfortant de son existence, se préparant à une nouvelle journée de travail à la Crêperie Bretonne de la Vieille Capitale, là où elle travaille trois fois par semaine, au salaire minimum, en attendant de terminer une maîtrise en ethnologie qui n’en finit plus de ne pas finir. Surgit alors une version de ce qu’elle était il y a 14 mois, à l’époque où elle avait choisi de larguer sa vie d’autrefois pour partir à la découverte du monde avec une valise pleine de convictions et un sac à dos remplis d’idéaux. 

Avec une énergie s’apparentant à celle d’un bâton de dynamite sur le point d’exploser, l’Alexandra d’autrefois s’en prend aux affres du capitalisme, au manque de considération des touristes, au désir de transformer la terre en marchandise et au réflexe d’utiliser son bonheur confortable afin de justifier sa paresse. Les vannes envoyées au touriste nord-américain moyen sont libératrices. L’exaltation essoufflante de cette belle enragée réveille en nous le besoin de nous faire entendre, d’éviter les lieux communs du rêve américain et de nous battre pour nos aspirations les plus folles. 

Mais voilà qu’une série de questionnements nous font réaliser que tout n’est pas aussi clair et subjectif dans la réalité. La vieille Alexandra est-elle fidèle à ses convictions de « seule contre tous », si elle paie un homme pour l’accompagner partout afin d’immortaliser son aventure en photos ? L’intégrité de sa quête est-elle convaincante, sachant qu’elle profite des 10 000$ offerts par son papa chéri pour gueuler son mépris d’une société en chute libre dont elle fait visiblement encore partie ? N’y a-t-il pas un juste milieu entre l’indifférence crasse de son bonheur futile et l’intransigeance béate de sa rage éternelle ?

En s’appropriant merveilleusement bien le texte de Jean-Philippe Lehoux et en se prêtant au jeu de la simplicité de la mise en scène de Michel-Maxime Legault, les Biches Pensives nous proposent une série de réflexions enrobées de fous rires, de situations loufoques, de prises de position reluisantes de bonnes intentions et de personnages fichtrement attachants.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Petite Licorne – 19 août au 6 septembre
http://theatrelalicorne.com/

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