vendredi 3 août 2012

Wicked : la quintessence de la comédie musicale !



Présentées à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place-des-Arts, du 1er au 26 août, les nombreuses représentations de la comédie musicale Wicked offrent au public montréalais un savoureux mélange des ingrédients ayant contribué au succès de Hairspray, Shrek, Mean Girls, Legaly Blonde et Alice in Wonderland.

Portée par un succès populaire depuis ses débuts sur les planches de Broadway il y a bientôt 10 ans, Wicked tire une grande partie de sa force dans l'aspect multidimensionnel de ses personnages. Même si la très mauvaise publicité télévisée du spectacle présente les deux jeunes femmes comme «  la bonne sorcière et la méchante », tout n’est pas aussi blanc et noir au royaume du Magicien d'Oz. 

La jeune Elphaba, repoussée par son père et par ses collègues de classe en raison de sa peau verdâtre, aspire à l’égalité et la liberté, tout en se disant imperméable à l’opinion des autres. En plus de veiller sur sa sœur handicapée, Elphaba doit composer avec une co-chambreuse qui donnerait tout pour augmenter sa popularité. Blonde, pétillante et écervelée, Galinda mène la vie dure à la cousine de la fesse gauche de l’ogre Shrek, avec autant de férocité que les adolescentes du film Mean Girls. Bien que les dispositifs narratifs soient d’abord mis en place pour que le public se range du côté d’Elphaba, il est carrément impossible de ne pas succomber au charme de Galinda. Sa coquetterie, son exubérance et le vide abyssal de certaines de ses répliques rappellent Reese Witherspoon de Legaly Blonde et nous la rendent attachante en un clin d'oeil.  

Les deux adolescentes deviendront éventuellement amies, jusqu'à ce qu'Elphaba soit convoquée pour une rencontre avec le grand magicien et que son univers tout entier bascule : rejetée par les habitants du royaume à qui l’on a raconté des faussetés, elle devra fuir en abandonnant tous ceux qu’elle aime. Y compris la princesse blondinette qui devient le porte-étendard de l’optimisme rose bonbon, ainsi qu’un Charmant Jeune Homme, style Zac Efron dans Hairspray, déchiré entre la nouvelle tête couronnée du royaume et l’autre moins jolie, mais tellement plus vraie, qui doit choisir l’exil. 

Pour l’habile déconstruction des réflexes manichéens de la plupart des histoires populaires, pour les chorégraphies qui incorporent un soupçon de danse contemporaine aux traditionnelles steppettes des spectacles musicaux, pour le talent redoutable de ses interprètes principales (mention toute spéciale à Jeanna De Waal, au timbre magnifiquement cristallin) et pour l’humour bon enfant qui côtoie le cynisme désopilant, les trois heures consacrées à la comédie musicale Wicked valent franchement le détour. 

Sans être aussi mémorable que The Lion King et sans profiter de chansons phare comme celles de The Beauty and the Beast, Wicked est tout de même un spectacle que le public montréalais n’est pas prêt d’oublier.

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

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