vendredi 1 février 2013

Critique de « 2 : 14 » à la Maison Théâtre : d’une beauté à couper le souffle !


Si vous pensiez lever le nez sur la pièce « 2 : 14 » parce qu’elle est classée parmi les œuvres pour adolescents, sachez que vous faites une grave erreur. La pièce écrite par David Paquet fera vibrer chaque recoin de votre cœur en créant une forme de dépendance à tant de splendeur. 

Quelque soixante minutes suffisent à l’équipe de « 2 : 14 » pour nous faire découvrir Katrina, François, Berthier, Denis et Jade, dont les destins s’entrecroisent et s’entrechoquent sous nos yeux. Si l’un se perd dans la drogue et dans l’amour inavouable, si l’autre se fond dans la noirceur des aveugles pour attirer les regards féminins, si l’une décide de se faire tatouer la noirceur du monde en espérant passer inaperçue, qu’une autre est prête à avaler la chose la plus immonde afin de maigrir et de faire disparaître les insultes qui alourdissent son cœur, et qu’un dernier n’arrive plus à goûter à la vie, tant il est obnubilé par le poids de sa fatigue, les cinq personnages ont tous une chose en commun : ils se sont retrouvés au mauvais endroit, au mauvais moment à 2 h 14. À ce quintette s’ajoute une femme hirondelle : le genre de maman qui s’assure de construire un nid solide pour ses enfants, branche par branche, avec minutie et attention. Une maman hirondelle qui n’arrive pas à comprendre comment son nid a pu se briser en entraînant la destruction de plusieurs autres…

Déjà récipiendaire du Prix littéraire du Gouverneur général du Canada en théâtre francophone pour sa pièce Porc-épic en 2010, David Paquet livre ici un texte fort et vulnérable, délirant et sensible, brutalement réaliste et magnifiquement métaphorique. Jamais le dramaturge ne prend le jeune public pour des idiots, préférant opter pour un langage vrai, ni trop gentil, ni trop cru, qui nous révèle la beauté et l’extrême fragilité de l’être humain et de la jeunesse. 

La mise en scène de Claude Poissant est ici synonyme de simplicité et d’inventivité, de mouvements et de rythmes. Utilisant à merveille la vitalité de ses interprètes, Poissant arrive à nous transporter d’une bribe d’histoire à l’autre avec une adresse et une légèreté qui sont belles à voir. Sa direction d’acteur est aussi solide que fluide. Chacun des interprètes de « 2 : 14 » livre une prestation sentie, nuancée, énergique, drôle, touchante et franchement divertissante. Les personnages sont à ce point séduisants qu’on s'attache à eux comme s’ils étaient nos amis ou nos propres enfants, rendant l’événement qui se produit à « 2 h 14 » d’autant plus difficile à accepter.

La magie entre le texte, l’équipe de création et la distribution opère au point de nous donner envie d’assister à chacune des représentations qui suivent. Il s’agit ici de grand, grand théâtre. 

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

Maison Théâtre
30 janvier au 9 février 2013



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