samedi 4 mai 2013

King Dave : le roi de la déchéance (CRITIQUE)


Si vous n’avez jamais vu King Dave, courrez-y. Si vous l’avez vu il y a quelques années, retournez-y. Si vous connaissez des gens qui ont le théâtre en horreur, payez-leur un billet et faites leur comprendre à quel point la scène peut être un lieu aussi divertissant que confrontant.

Récompensé par les Masque du Texte original et de l’Interprétation Masculine lors de sa création au milieu des années 2000 et remonté en 2006 au Théâtre La Licorne, King Dave vient finir sa route dans la salle intime du Théâtre Prospero. Devant quelques dizaines de spectateurs à la fois, entouré d’un décor d’une simplicité désarmante, Alexandre Goyette enflamme la scène pendant 70 minutes. 

Mi-homme, mi-adolescent, son personnage est le parfait symbole de la déchéance à petit feu. Ne sachant pas quoi faire de sa vie, se faisant battre par plus fort et plus nombreux que lui, et croisant la route d’une nouvelle rupture amoureuse, le jeune Montréalais tentera de reprendre les rênes de sa vie en obtenant vengeance, convaincu de sa nouvelle invincibilité. Malheureusement pour lui, chaque pas est l’occasion de s’enfoncer davantage, de comprendre qu’il ne s’en va nulle part et que ce qu’il croyait être le bout de la m**** n’est en réalité que le début d’un dépotoir existentiel. 

Décrivant parfaitement bien la dérive d’un jeune sans avenir, la réalité brutale des gangs de rue et les réflexes de protection que tout urbain développe à différents degrés pour se protéger contre les mâchoires de la grande ville, le texte d’Alexandre Goyette est d’une intelligence et d’une lucidité incomparables. Sa langue est rythmée, hachurée, saccadée, bouillante de vérité et merveilleusement sale. 

Seul sur scène, l’acteur enflamme les planches en rendant parfaitement bien chacun des personnages de son histoire. Doté d’une énergie folle, d’un charisme puissant et d’un incroyable sens du timing, Goyette happe chacun des spectateurs du début à la fin du spectacle. 

Du grand théâtre. Pour tous. 

Par Samuel Larochelle, dit le Sage Gamin

King Dave
Salle intime du Théâtre Prospero
30 avril au 18 mai 2013



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